Intervention du SNPTES-UNSA au CHS de l’UTV du mardi 6 novembre 2012
Par Thierry Rosso le mercredi 14 novembre 2012, 12:07 - Université de Toulon - Lien permanent
"Nos jeunes viennent à l’université pour grandir et non pas pour mourir. Aujourd’hui, parce que deux de nos jeunes sont morts, nous entrons dans une autre dimension. Avant d’être serviteurs de ce service public, nous sommes parents : nous venons, tous, de perdre deux de nos enfants. Qui sont les responsables ? Deux enquêtes sont ouvertes : une judiciaire, une administrative. En tant que parents, serviteurs du service public, citoyens, nous nous honorerons en participant d’une façon franche et sincère à ces deux enquêtes. Les conclusions de ces deux enquêtes ne seront pas communiquées immédiatement. Dans l’attente de ces conclusions, parce que nous savons que la responsabilité du chef d’établissement est engagée, car il est chef d’établissement, nous tenons à affirmer que nous ne considérons pas M. Saillard comme responsable, encore moins coupable, de ce drame. Nous tenons à préciser que nous n’avons pas soutenu M. Saillard lors de son élection à la présidence de l’université et qu’aujourd’hui nos divergences restent nombreuses. Il s’agit donc d’une déclaration de conscience. Quant aux enquêtes, elles doivent être menées de façon sereine et permettre la lisibilité des responsabilités individuelles et collectives qui devront apparaître dans les conclusions : c’est un devoir de mémoire pour nos enfants. Où sont les responsabilités, qui sont les responsables ? Il est inutile de nous faire la démonstration qu’il s’agissait d’un phénomène surnaturel, d’une pluie décennale, voire centennale. Dans notre région, nous subissons en permanence ces microclimats : ignorer cet état de fait, c’est ignorer une réalité facilement démontrable. Et nous pouvons argumenter en nous appuyant sur de nombreuses archives dont les bilans de pluviométrie locaux de la station de Toulon : le recensement des pluies d’orages, entre1969 et 1978, montre un maximum important en août, septembre et octobre. Quant à la durée des orages observés en automne, elle est deux fois supérieure à celle du reste de l’année.
D’autres documents officiels démontrent clairement par écrit que nos précipitations orageuses sont typiquement méditerranéennes. Qu’elles peuvent atteindre 125 mm par jour (Synthèse nationale sur les crues des petits bassins versants, Ministère de l’Agriculture). L’urbanisation en amont de l’université Au-delà de la RN 98, sur les deux cents hectares de terres agricoles du château Redon, est venu s’implanter, en 1979, Euromarché. Dix ans plus tard, Carrefour achète Euromarché, et l’urbanisation devient progressivement croissante entre le croissement de La Bigue (à l’Ouest) et La Pauline (à l’Est) : - Grand Var, - Grand Var Est, - Grand Var Sud - Et à l’Ouest de ces deux cents hectares, Valgora.
Toitures, béton, goudron : lors des orages, l’eau de pluie ne peut plus s’infiltrer. Elle est dans l’obligation de trouver un autre chemin. Le passage par l’université en contrebas devient incontournable. Le bassin versant étant totalement urbanisé, il est incontournable que l’ancestral Pierrascas, déjà mis en charge, ne suffit plus : il est incontournable que son lit majeur soit systématiquement saturé lors de crues urbaines. L’urbanisation universitaire En 1969, s’installe l’IUT de Toulon. Suivent, en 1970, le Centre Universitaire de Toulon, en 1979, l’Université de Toulon-Var, entre la RN 98 au Nord, le CD 29 au Sud, la colline du Thouar à l’Ouest et la colline de La Pauline à l’Est, Sur ses quarante hectares, de nombreux bâtiments sont construits sur un sous-sol (partie Est) gorgé d’eau. Le campus au fond d’un entonnoir Au Nord (en amont) les 200 hectares du château Redon transformés lors de temps de pluie en impluvium. En aval, bloqué entre deux collines, le campus est un passage obligé pour ces eaux de pluie qui dévalent. C’est le fond de l’entonnoir. Des inondations à répétition, dont celle du 26 octobre 2012 Le campus de la Garde est inondé de façon cyclique depuis les années 1990; cela par le débordement du lit majeur du Pierrascas. Et depuis quelques années, c’est aussi une vague d’eau qui envahit le parking Nord de l’IUT. Au fil des ans, cela va en s’aggravant. Les personnels les plus anciens peuvent en témoigner. Différents constats ont été établis, dont certains en CHS. Est-ce lié à l’urbanisation totale des terres agricoles du château Redon : c’est évident. Mais la couverture du canal longeant la RN 98, canal déjà recalibré dans le passé, n’a pas amoindri le phénomène : bien au contraire. Nous insistons sur l’aspect systématique, depuis quelques années, lors de précipitations orageuses, de cette vague d’eau arrivant de la RN 98, en face du bâtiment E (génie électrique de l’IUT). Avant, cette vague était piégée par le canal qui longe la RN 98 : cela n’est plus possible car ce canal, de plus de cent mètres de long et six mètres de large, a été couvert. Les deux avaloirs de remplacement sont insuffisants, voire insignifiants.
Le 26 octobre 2012, de nombreux témoins signalent une importante vague d’eau qui pénètre par le Nord du campus, à partir de la porte d’entrée incluse jusqu’au portail se trouvant au pied de la passerelle traversant la RN 98. De l’eau rouge en grande quantité est signalée par des témoins sur le parking GMP, en direction du parking GE. Un minimum de quarante centimètres d’hauteur d’eau est cité. Ces eaux traversent le parking Nord du bâtiment EVE et se dirigent entre les bâtiments EVE, V, Vprime. Quarante centimètres minimum reste le chiffre souvent cité. A droite, ces eaux vont rejoindre les eaux du Pierrascas qui a débordé. A gauche, elles vont traverser entre le bâtiment S et le bâtiment Rprime et transformer un ruisselet en torrent d’eau boueuse. Même si ces quelques lignes sont écrites à partir de témoignages subjectifs, nous devions les écrire. Des réponses immédiates Dans l’immédiat, nous demandons : - la sécurisation de tous les abords du ruisseau Pierrascas et du canal de ruissellement qui s’est transformé en torrent meurtrier, - la communication du document de l’UTV, réalisé par S.A.E. : « Projet : lutte contre l’inondation et protection des berges », - la communication du contenu de « la mission de maîtrise d’oeuvre concernant l’opération d’aménagement du Pierrascas », procédure adaptée proposée par l’UTV dont la date limite de réception était le 29 octobre 2012, - la communication de la position sur les risques d’inondation dans la zone du campus de La Garde du directeur de la DDTM Var, - la communication du PER de 1989 de la commune de La Garde, - la communication du PER de 2011 de la commune de La Garde, - la communication d’un éventuel schéma directeur immobilier et d’aménagement de l’université de Toulon-Var, - la transformation du Pierrascas en fossé de drainage efficace, - la suppression de la couverture construite sur le canal longeant au Nord l’université et la RN 98 car les deux avaloirs sont insignifiants, - les recensements : des réseaux pluviaux de cette aire de 200 hectares autour du château Redon (anciennement terres agricoles) qui s’est transformée, en amont de l’université, en impluvium, puis des constructions et/ou des mises à niveau, « bassin de rétention » sur l’aire comprise entre La Bigue et La Pauline, puis des constructions et/ou des mises à niveau, du contrôle du fonctionnement de ce(s) bassin(s) dont la capacité de réduction des débits de pointe de l’exutoire, le(s) dimensionnement(s) normalisé(s), la transparence concernant les conditions, le domaine d’utilisation et l’entretien, puis des corrections, des constructions et/ou des mises à niveau, - la récupération des eaux intramuros venant de l’Ouest et un détournement vers le canal se trouvant (au Nord) sur la RN 98 et rejoignant Le Pierrascas. - la vérification de la nouvelle construction intramuros, située sur la colline du Thouar : est-elle aux normes HQE et où vont ses rejets pluviaux ? Sont-ils des problèmes supplémentaires intramuros ? Nous proposons que ces rejets rejoignent le canal longeant la RN 98, - la vérification des possibilités de rejet des eaux de pluie tombant sur l’aire du campus, en direction du CD 29 et l’acceptation de ces eaux de pluie sur le secteur de La Planquette, - un suivi officiel des débits dans Le Pierrascas, - des alarmes de montées d’eau, - La mise en place d’un PPMS à l’UTV (Plan Particulier de Mise en Sécurité face aux risques majeurs – Circulaire n°2002-119 du 29 mai 2002), dont un plan d’évacuation de l’université, - Le recensement du réseau pluvial intramuros, la vérification et l’entretien obligatoire au moins une fois par an, début septembre, - un plan de traitement des eaux de pluie de l’impluvium de 200 hectares du château Redon. Les pollutions venant de ce type d’agglomération sont les MES dont des composés organiques, des hydrocarbures et des métaux lourds.
Nous avons réalisé ces pages en consultant de nombreux personnels de l’UTV témoins des nombreuses précipitations qui inondent cycliquement ce campus, dont celle du 26 octobre 2012. Nous avons réalisé ces pages en consultant de nombreuses archives dont : - Le Dossier préalable au contrat de baie de la rade de Toulon (TPM), - Le Contrat de baie de la rade de Toulon (TPM), - TPM : 10 ans d’actions à vos côtés 2002-2012 (page 5) - La lutte communautaire contre les inondations (Publication TPM-n°30-nov/déc 2011-page 7) - Le document d’Orientations Générales du SCoT approuvé le 16 octobre 2009
Et en écoutant la conférence de M. Georges Olivari, Hydrobiologiste et directeur de la Maison de l’Eau de Barjols, conférence enregistrée en 2003 : http://www.dailymotion.com/video/x8k08o_les-inondations-dans-le-var-confere_creation"